Trop souvent, le syndicalisme est perçu comme quelque chose d’extérieur. Une parole descendante, une vérité apportée d’en haut. Et trop souvent encore, nous tombons dans ce piège : parler aux salarié-e-s au lieu de parler avec eux. Multiplier les tracts, les discours, les mots d’ordre… sans toujours prendre le temps d’écouter ce qu’ils vivent, ce qu’ils pensent, ce qu’ils espèrent.
Pourtant, un syndicalisme vivant, ce n’est pas un porte-voix qui crie dans le vide. C’est un espace collectif où la parole circule, où chacun-e peut se reconnaître, se sentir écouté-e, utile. Et cela commence par une démarche simple mais exigeante : aller à la rencontre des collègues, pas pour leur expliquer, mais pour échanger. Comprendre leurs colères, leurs peurs, leurs idées. Construire avec eux, pas à leur place.
Évidemment, cela prend du temps. Cela demande de sortir de nos routines militantes, de ne pas se satisfaire des « convaincu-es ». Cela suppose aussi de reconnaître que nous n’avons pas toutes les réponses. Mais ce n’est pas un aveu de faiblesse, c’est une force. Car un syndicat qui écoute est un syndicat qui grandit, qui se transforme, qui se rend toujours plus efficace.
Les luttes les plus puissantes sont celles qui partent du réel, pas d’un discours tout fait. Et le réel, ce sont les salarié-e-s qui le vivent au quotidien. Notre rôle, c’est de faire émerger leur voix, pas de la remplacer.
Alors oui, arrêtons de simplement « parler aux salarié-e-s ». Allons parler avec eux. Écoutons, débattons, construisons. C’est ainsi que nous ferons de la CGT une organisation plus proche, plus forte et donc plus efficace dans nos combats pour un monde de justice et de progrès social.
Jacques Eliez
Secrétaire fédéral