Cette citation de Pierre Bourdieu résonne toujours dans l’actualité, tant les faits divers sont mis en avant pour tenter de cacher, non sans succès, la réalité des causes structurelles des crises qui traversent notre société. Certes, chaque fait divers est en lui-même un drame humain, une douleur pour les familles, par exemple lorsqu’une victime d’agression décède. Ce qui est en cause, ce n’est pas le traitement de ce type d’information, mais son utilisation, son instrumentalisation afin de faire réagir l’émotion avant la raison. C’est là ce qui différencie la justice de la vengeance : notre capacité à traiter avec objectivité et force des actes malveillants, délictueux ou criminels. Une femme se fait violer, en quoi la nationalité de son agresseur serait une information pertinente ? Un homme se fait tuer, en quoi le statut administratif de son meurtrier influe sur son acte ? si ce n’est pour servir une vieille lubie de l’extrême-droite de l’existence jamais prouvée par les faits d’un lien direct entre immigration et délinquance. C’est comme pour la question du déficit de la Sécurité Sociale : les chaines d’infos en continu pointent le chômeur qui fraude… jamais les entreprises pharmaceutiques et les professionnels de santé qui détournent des milliards de l’assurance maladie. Les causes réelles des maux de notre société sont pourtant connues : le système capitaliste qui n’a de cesse, car structurellement constitué ainsi, de détruire la planète, notre environnement, d’exacerber les tensions entre les peuples jusqu’à la guerre et entretenir un clivage entre ceux qui n’ont rien et ceux qui n’ont pas beaucoup…
Khalid Ezzarhouni
Secrétaire fédéral