Ah, le frisson du changement ! Le claquement des portes de Matignon, les visages graves des commentateurs politiques, les grandes phrases sur « la nouvelle ère » et « le souffle du renouveau ». On y croirait presque… À chaque remaniement, c’est le même scénario : quelques chaises musicales, des postures martiales et un grand discours sur « l’efficacité ».
Sébastien Lecornu, à peine parti en fanfare la semaine dernière, démission à la main dans un temps record, le voilà de retour, plus fringant que jamais. Avec son air d’adolescent contrarié, de bon élève d’un macronisme qui s’accroche au pouvoir, qui refuse de tenir compte du résultat des urnes et du vacarme de la rue. On aurait pu croire à une page tournée. Eh bien non ! Le voilà de retour, renommé sans sourciller, comme si rien ne s’était passé. À croire que la France fonctionne désormais comme une boucle temporelle : les quasi mêmes ministres, assurément la même visée politique et, inévitablement, les mêmes échecs à venir.
Cela vous donne une impression de déjà-vu ? c’est normal. Nous sommes piégés dans « la matrice ». On nous parle de « cap », de « stabilité », de « responsabilité », mais jamais de justice sociale, de salaires, de conditions de travail… Dans ce monde-là, dans leur monde, les priorités sont inversées : sauver la finance avant les services publics, rassurer le Medef avant les travailleurs, flatter les actionnaires avant de parler au monde du travail.
Si le Président Macron, via son énième nouveau gouvernement, recycle les mêmes recettes, c’est bien parce qu’il ne sait plus quoi faire d’un peuple qui, lui, ne lâche rien. Le mouvement social, avec ses grèves, ses rassemblements, ses revendications, a imposé un fait incontestable : les questions sociales ne sont plus des notes de bas de page, mais au cœur du débat public. La bataille des retraites a révélé bien plus qu’un refus de travailler jusqu’à 64 ans, elle a réveillé une exigence de dignité, de partage des richesses et de justice sociale.
Mais la sortie de « la matrice » ne viendra pas d’un énième remaniement. Elle viendra d’en bas. De celles et ceux qui refusent la résignation, qui continuent de s’organiser et de se battre pour une autre société.
C’est pourquoi nous le disons sans détour : il va falloir remettre en route les mobilisations sociales, inventer de nouvelles formes d’action et ne pas attendre « d’en haut » que d’autres décident pour nous.
Pour cela, il faut renforcer la CGT, partout, tout de suite. Adhérez, proposez-le autour de vous, discutez avec vos collègues : que sommes-nous prêts à faire, ensemble, pour imposer enfin une autre ligne politique : celle du progrès social, du respect du travail et de la dignité humaine ?
Plus que jamais, il ne s’agit pas de regarder le film… Il s’agit d’en changer le scénario !
Sabine Alexis
Secrétaire fédérale