L’ouverture à la concurrence

par | Fév 14, 2025 | Initiatives

Fête de l’Huma 2024 : Forum social – Débat n°7

Céline MALAISE, Présidente du groupe communiste, écologiste et citoyen en Ile de France

Khalid EZZARHOUNI, Responsable du secteur transport routier, marchandises et logistiques

Jacky ALBRAND, Secrétaire général de la Fédération CGT des Transports

Animation : Pauline PORRO, journaliste de la Nouvelle Vie Ouvrière

Malgré les sollicitations, aucun contradicteur n’a voulu venir débattre sur le sujet d’origine « A qui profite l’ouverture à la concurrence dans les transports publics ».

Pas tout à fait une surprise pour les organisateurs tant ce processus est décrié de toutes parts, le débat a été transformé en une discussion plus large autour de la concurrence dans les transports.

Pour nos intervenants, les injonctions à la mise en concurrence procèdent des logiques libérales et engendrent les mêmes conséquences mortifères. Pour Jacky Albrand, la mécanique est simple : les opérateurs de transport, lorsqu’ils candidatent, vont tirer les prix le plus bas possible. « La variable d’ajustement, ce sont les conditions sociales des salariés ». Mais est-ce une fatalité ? « Non, la directive européenne est claire et laisse la liberté aux collectivités de choisir le mode de gestion qui leur sied ». Valérie Pécresse a opéré ce jeu de découpage « parce que pour faire jouer la concurrence, il faut des lots de taille différente ». Elle aurait pu faire le choix de maintenir une gestion directe.

Céline Malaisé préfère parler de privatisation plutôt que de mise en concurrence « parce que c’est une privatisation du salariat, une privatisation des opérateurs de transport, une privatisation des profits ». Elle rappelle que celle du réseau de bus historique de la RATP coûte 4,9 milliards d’euros à Ile-de-France Mobilité puisqu’il lui faut racheter tous les biens qui appartiennent actuellement à la RATP, ce qui explique notamment la hausse forte des tarifs.

Cela fait partie des sujets qui sont traités par le collectif « Stop Galère » qu’elle a créé et qui réunit des forces politiques de gauche progressiste, des agents, des élus, des syndicats et des associations d’usagers locales, départementales et régionales : « C’est l’idée d’un front commun en Ile de France, le seul à pouvoir arrêter ce rouleau compresseur libéral ». Elle critique l’absence de transparence d’Ile-de-France Mobilité. Peut-on prouver que le service s’est amélioré suite à une privatisation ? Comment un système peut-il fonctionner avec deux à trois opérateurs différents sur un même réseau de bus ? Quel sera le coût de la privatisation des RER et du réseau de tramway parisiens ?

Nos experts observent avec satisfaction que des « marches arrière » se multiplient dans l’hexagone citant les villes de Clermont-Ferrand et Toulouse. A Nice, c’est une régie qui a été mise en place face à des opérateurs privés trop gourmands. A Londres, une re-municipalisation du service public de transport est programmée. Pour Céline Malaisé, ce qui se passe chez nos voisins est intéressant. Pour en finir avec des accidents de trains nombreux, des retards quotidiens, et un tarif exorbitant, c’est bien une renationalisation qui se dessine à l’horizon.

Par la voix de son secrétaire général, la CGT Transport se dit capable de faire la démonstration qu’une délégation de service public représente un coût supérieur pour la collectivité mentionnant des pratiques opaques (sous-traitance en cascade auprès d’entreprises du même groupe mais ayant des conventions collectives moins avantageuses). Jacky Albrand critique aussi la captation d’argent public opérée par Transdev, KEOLIS, RATPDEV qu’il qualifie de « multinationales parties conquérir des marchés à l’étranger ».

Khalid Ezzarhouni intervient ensuite au sujet du transport de marchandises dénonçant des abus et un phénomène grandissant d’auto-entrepreneuriat. Chez Amazon, 100% des livraisons sont confiées à des sous-traitants avec une mise en concurrence systématique, des conditions de travail déplorables, des objectifs inatteignables avec des pénalités sur les retards.

Revenant sur le sujet du transport de voyageurs au moment de la conclusion, Jacky Albrand précise que la CGT porte l’exigence de gestion publique sur l’ensemble du territoire. « Partout nous demandons à nos bases syndicales d’anticiper les renouvellements d’appels d’offres ». Il s’agit à chaque fois de démontrer aux collectivités l’intérêt de passer en gestion directe via une régie, un EPIC, une SPL. En parallèle, la CGT Transport cherche à obtenir un « statut unique des salariés du transport de voyageurs que l’opérateur soit public ou privé ».

La stratégie est de protéger les travailleurs et travailleuses tout en freinant au maximum le processus de privatisation avant les grandes échéances électorales de 2027 et 2028.

Articles Connexes

Aucun résultat

La page demandée est introuvable. Essayez d'affiner votre recherche ou utilisez le panneau de navigation ci-dessus pour localiser l'article.